Vatican - Ciel ! Des hooligans en soutane
"Jouer pour croire" : telle est la devise de la Clericus Cup, la compétition de foot organisée au Vatican depuis 2007 entre des équipes formées de prêtres et de séminaristes des diverses universités pontificales de la Ville éternelle. Une manifestation voulue en haut lieu, puisqu'elle bénéficiait du "haut patronage" du Conseil pontifical pour les laïcs - le dicastère qui s'occupe de la contribution des laïcs à l'Église -, et qui était généreusement sponsorisée par les assurances Assitalia et l'équipementier sportif Lotto.
Mais, sur ordre de la secrétairerie d'État - le Matignon du Vatican -, le dicastère vient de retirer son patronage à la compétition. Motif : bagarres, gestes violents et blasphèmes se multiplient sur les terrains où se déroulent les matches alors que, sur les gradins, séminaristes et bonnes soeurs dévorés par le démon du foot se traitent de tous les noms quand ils ne se crêpent pas le chignon. Ainsi, lors de la compétition l'année passée, après avoir encaissé un but de l'équipe Redemptoris Mater, un séminariste de la prestigieuse université grégorienne s'est rué à bras raccourcis sur l'un de ses adversaires. Carton rouge et convocation immédiate au confessionnal.
Dimension politique
"Par rapport aux aspects techniques et au classement inhérent à la compétition, le Conseil pontifical pour les laïcs privilégie l'éducation des jeunes, les valeurs de respect et de solidarité, explique père Kevin Lixey, responsable de la section Église et sport du dicastère. Nous avions prévu de faire des rencontres pour les séminaristes sur le thème de la pastorale à travers le sport, mais elles n'ont jamais eu lieu. La Clericus Cup a trahi ses valeurs initiales."
Derrière l'aspect sportif, l'affaire prend pourtant une dimension politique. La Clericus Cup fut portée sur les fonts baptismaux par le cardinal Bertone, actuel secrétaire d'État du Vatican, soit le "premier ministre" de Benoît XVI, et grand "tifo" de l'équipe de Gênes. Il lui arrivait même, avant de devenir numéro deux du Vatican, de troquer le goupillon contre un micro afin de commenter à la radio les matches de son équipe. Mais qui aime bien châtie bien : c'est de la secrétairerie d'État qu'est partie l'excommunication de la Clericus Cup. Or, dernier rebondissement en date, la Conférence épiscopale italienne (CEI) propose de remplacer au pied levé le Conseil pontifical pour les laïcs en offrant son propre parrainage à la compétition.
Une provocation supplémentaire dans le bras de fer qui oppose actuellement le cardinal Bagnasco, qui préside la Conférence épiscopale, au cardinal Bertone, et derrière ces deux hommes l'Église d'Italie à la curie romaine.
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